Installés tranquillement aux abords de deux champs remplis de vaches, un monsieur vient à passer. Comme souvent je redoute le "vous n'avez pas le droit d'être là" et comme toujours je suis surprise par l'ouverture des gens qui nous saluent simplement et engagent même la conversation. Le monsieur va aller voir ses vaches, oui ce sont les siennes, "on peut venir avec vous?" je lui dis dans un élan. "Ah oui bien sûr". Et nous voilà à la suite de ce monsieur, sur le chemin qui nous mène au champ. Il nous explique qu'il vient les compter, comme tous les soirs, et puis regarder si elles n'ont pas renversé leur eau ou leurs graines. Toutes ces vaches sont des génisses qui sont censé être "pleines". Si elles ne le sont pas, hop, abattoir. Une fois qu'elles auront vêlé elles seront vaches laitières. De l'autre côté de la clôture, ce sont des vaches à viande, qui terminent leur carrière dans ce champ pour bien grossir, et hop, abattoir. J'aime les termes employés par l'agriculteur, il ne parle pas d'abattoir mais de "s'en séparer", il ne parle pas de vaches à la retraite mais de "réformées". On parle un peu de Paris où il allait avant pour le salon de l'agriculture, il nous demande si ça nous manque pas trop, et il nous plaint de cette vie, nous on l'envie de la sienne !
Sur le retour Z le prend en photo avec notre polaroid, on repart chacun avec notre image de ce monsieur au milieu de ses vaches. Avant de partir Z lui demande son nom, et les jours suivants il en reparlera souvent, il est devenu un personnage de son univers, "bernard serre".
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